Pourquoi le recyclage des mégots devrait être une priorité environnementale ?

Mégots de cigarette sur une plage
Les mégots sont très toxiques et polluent l'eau, l'air et les sols pendant des années. Le recyclage de ces déchets n'est pourtant quasiment pas assuré.

Sur les trottoirs, aux abords des écoles, dans les parcs, sur les chemins de randonnée ou à la plage, on les voit partout. Qui ? Les mégots de cigarette.
Ultra polluant et toxique, ce déchet en puissance n’est pour l’heure presque jamais recyclé. Et quand il l’est, il est en réalité difficilement valorisable.

Quelques chiffres et infos qui donnent le tournis et invitent à la réflexion, urgente.

 

Une industrie colossale, sale et dangereuse

Depuis des années on nous matraque des spots publicitaires contre le tabac, en informant de ses dangers multiples pour la santé. Pourtant, cette industrie se porte très bien au niveau mondial.

Au-delà du danger pour la santé des consommateurs, cette industrie continue de produire une quantité astronomique de déchets, hautement toxiques et polluants.

L’emblème de cette pollution : le mégot de cigarette, quasiment jamais recyclé.

 

Une production colossale

Un rapport daté de fin 2020 de la Caisse des Dépôts indiquait que la production mondiale annuelle était de 5 200 milliards de cigarettes.

Une montagne de déchets en perspective. D’autant que le même rapporte estime que les deux tiers finiront dans la nature.

Source : Caisse des Dépôts

 

Les produits chimiques

Une cigarette, c’est bourré de merde. On le sait, on en parle… beaucoup en rigolent même.

Mais si on prend 5 min, c’est tout de même assez dingue.
Il suffit de regarder cette infographie éditée par la Ligue Contre le Cancer.

produits chimiques toxiques d'une cigarette
les produits toxiques qui composent une cigarette

 

C’est pas juste de la merde… c’est une véritable dose de poison.

Vous vous inquiétez de certaines particules de votre déodorant, des métaux lourds potentiellement présents dans le poisson que vous mangez 1 fois par semaine, des pesticides présents sur vos tomates en été du coup vous n’achetez que du bio…

Et là, rien ?

 

Source : lig-up.net

 

Des quantités énormes de déchets

Dans le monde, on estime à 137 millions de mégots jetés par terre… chaque jour.
En France, ce serait 30 à 40 millions de mégots par an.

Un volume de déchets rejetés dans la nature absolument effarant et effrayant.
Très peu seront par la suite ramassés et recyclés.

Hormis la fumée qui rejette dans l’atmosphère et l’environnement proche tous les produits chimiques nocifs, c’est surtout le filtre, fabriqué en matières plastiques, qui pollue le plus.

 

Une pollution durable

Le souci vient donc essentiellement du filtre, composé de matières plastiques (et contenant un condensé de tous les produits chimiques consumés).

Un mégot non recyclé et jeté dans la nature mettra en moyenne 12 ans pour se dégrader entièrement.
12 ans à polluer les sols, l’eau et l’air. A empoisonner des animaux qui peuvent l’ingurgiter. 12 ans à polluer les plantes, fruits et légumes qu’on va consommer ensuite.

Et selon certaines sources, cela pourrait même monter à 30 ans pour qu’un mégot se dégrade… certainement en fonction de la fabrication.
En clair : balancez-en dans votre jardin, et vos petits-enfants pourront jouer avec ! Cool non ?

 

Des incivilités en hausse

Au-delà de l’industrie et du produit qui sont hautement polluant et toxiques, c’est aussi le comportement des consommateurs qui pose problème. Ou de certains plutôt, ne stigmatisons pas bien entendu, de nombreux fumeurs font attention, et heureusement.

Mais avec les mégots de cigarette et vu le volume que cela représente, le « certains », ça fait quand même beaucoup de monde et beaucoup de déchets toxiques !

Chacun veut se sentir libre, faire ce qu’il veut, où il veut, quand il veut.
Et pas question de se passer de son petit plaisir même quand on est dans un parc naturel, sur un chemin de rando, sur une plage ou au bord d’un étang.

Résultat : partout, on retrouve des mégots de cigarette.
Le fléau n’est pas limité aux grandes villes. Petits villages et petits coins de nature sont aussi concernés.

mégots de cigarette jetés dans la nature
mégots de cigarette jetés dans la nature

Comme pour d’autres sujet, de très nombreuses communes constatent une hausse des incivilités, encore amplifiée depuis la fin du premier confinement en juin 2020.

Mais on entend déjà des réfractaires.
La vie est déjà assez pénible en ce moment ! Pourquoi encore venir casser les c… avec un mégot ? C’est si horrible que ça ?!
En fait, oui justement.

 

Pollution de l’eau

Savez-vous combien de litres d’eau pollue un mégot ?

Réponse : 500 litres.

En gros, c’est l’équivalent de 3 à 4 baignoires qu’un seul mégot jeté dans la nature va polluer.

Poussés par les vents et la pluie, le ruissèlement de l’eau, ils se retrouvent dans les canalisations, les cours d’eau… Beaucoup finissent leur course dans l’océan.
Sur les 137 millions de mégots jetés au sol chaque jour dans le monde, on estime que 40% finiront leur vie dans les océans.

A tel point, que les mégots de cigarette représentent 40% des déchets en mer Méditerranée.

Alors, sympa les vacances à la mer et la baignade ?!

 

Un mégot pollue l’air

Les études se multiplient partout, les connaissances des scientifiques progressent, et les résultats sont toujours pires.

Par exemple, aux Etats-Unis la FDA (Food and Drug Administration) a mené une étude en enfermant des mégots dans un caisson et en mesurant la composition de l’air.
Résultat : les mégots continuent de dégager des produits chimiques toxiques qui polluent l’air.

Lorsque vous voyez des mégots écrasés sur une aire de pique-nique, devant une école, à la plage ou devant la maison, dites-vous que les personnes autour (vos gamins ?) sont exposées à tout un tas de produits toxiques, un véritable poison.

 

Tabagisme ultra passif

On sait que le tabagisme est nocif et cancérigène pour le fumeur.
On sait que le tabagisme passif, soit être non-fumeur à proximité immédiate de quelqu’un qui fume, est tout aussi dangereux.

Mais on apprend de plus en plus sur un nouveau concept : le tabagisme ultra-passif.
Les résidus issus de la combustion de la cigarette vont s’incruster partout dans la maison et l’environnement du fumeur : moquette, meubles, rideaux, tissus, tapisserie… tout y passe.

Lorsqu’il y a des vibrations, des changements de températures etc, ces résidus hautement toxiques se libèrent et circulent à nouveau, présentant un risque fort pour la santé et l’environnement.

 

Solutions pour limiter la pollution

Le mégot de cigarette est donc extrêmement polluant.

Etant donné qu’on en trouve désormais partout, en ville comme en pleine nature, il y a urgence à réussir à les collecter et à se lancer dans le recyclage des mégots.

Mais il faut voir plus loin.

 

Sanctionner les crados

Un peu partout en France, jeter un mégot de cigarette par terre est passible d’une amende de 68 euros.

De plus en plus de campagnes d’affichage fleurissent dans les villes de toutes tailles ou le long des voies rapides et autoroutes, pour sensibiliser les gens et lutter contre cette habitude, disons-le clairement, parfaitement dégueulasse et honteuse, de jeter ses déchets par terre.

Par exemple Saint-Malo, très belle ville touristique connue pour ses remparts, ses plages, son patrimoine… affiche des pancartes qui indiquent clairement que la ville « lance la chasse aux crados ».
Aussi, certaines plages sont indiquées « plage non-fumeur ».

Mégots plantés dans le sable
Mégots plantés dans le sable

Certaines villes ont voulu aller plus loin, et suite à des décrets, ont relevé cette amende forfaitaire à 200€.

Plus récemment, c’est le maire de la commune d’Obernai en Alsace, qui totalement excédé par les pollueurs en tous genres (mégots de cigarettes, crottes de chiens, poubelles et décharges sauvages…) a fait passer un décret relevant l’amende à 1 000 euros ! « Ras-le-bol ! » s’emportait-il devant son conseil municipal.
Voilà de quoi commencer à faire réfléchir ceux qui n’en ont rien à faire des autres ni de la planète.

Ailleurs, on mise plutôt sur l’incitation et la prise de conscience.

Incitation à la collecte et au recyclage des mégots
Incitation à la collecte et au recyclage des mégots

Ce fut le cas à Barcelone, où un bar offrait une bière en échange d’un verre rempli de mégots.
En Bretagne à Plougasnou, ce fut la crêperie Au Goûter Breton qui offrait une crêpe.

Source : Ouest-France

 

Développer le recyclage des mégots

Depuis quelques années, des dispositifs « zéro mégot » se développent un peu partout.

Des villes et des associations tentent de sensibiliser la population au risque environnemental que représente un mégot de cigarette.
Une action souvent reprise : la distribution de cendriers de poches, dans la rue ou auprès des bars et restaurants.

C’est tout bête pourtant !
Vous ne trouvez pas de poubelle où jeter le filtre ? Stockez-le temporairement dans votre cendrier de poche, puis videz celui-ci dans une poubelle dès que c’est possible.

Autre dispositif : des cendriers répartis en ville, sur les terrasses des établissements, dans les lieux public…

 

logo de la société MéGO
logo de la société MéGO en Bretagne

En Bretagne la société MéGO propose des solutions de collecte, tri et recyclage des mégots.
Des actions ont été menées avec plusieurs villes, comme Nantes, et travaille avec des entreprises implantées dans différentes régions.

 

Autre projet : le cendrier mangeur de mégots !
Purifungi innove et permet de recycler des mégots en 2 mois à l’aide de champignons.
Imaginé par une designer franco-belge, le système repose sur une litière composée de paille, carton et copeaux de bois qui sert à la culture de champignons.
Lorsque les mégots sont écrasés dans ce cendrier particulier, le mycélium, c’est-à-dire la racine du champignon, commence à se développer tout autour et à l’engloutir.

 

Développer la prise de conscience

Fumer tue.

Deux mots. Ce slogan, tout le monde le connait désormais.
Des photos, des explications, des phrases choc. Impossible de ne pas savoir qu’à chaque clope, c’est un peu de cancer en puissance qu’on s’injecte.

Mais tout le monde a-t-il bien conscience des dégâts que cela produit sur son environnement, son lieu de vie, ses proches ?
Fumer devant la maison et y écraser nonchalamment son mégot, ça veut dire exposer ses gamins aux polluants que dégage le mégot. Pendant des jours.
Une pause clope devant l’école en attendant les enfants avec d’autres parents, et on écrase par terre ? Même chose.

Imaginez qu’à la cantine, on trouve de l’arsenic, de l’ammoniac ou des insecticides sur les plateaux repas. Scandale national ! Démission du directeur ! Prison ferme !
Eh bien… écraser son mégot là où il y a des gamins, c’est les exposer à ces produits.

Est-ce que ça, chaque fumeur en a bien conscience ? Pas sûr.
Plusieurs villes un peu partout ont commencé à créer des « zone sans tabac » à proximité des écoles, pour tenter de lutter contre ce fléau.

Alors oublions le retraitement, la valorisation, le recyclage
Comme pour tout déchet, le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas.
Moins de fumeurs de cigarettes avec filtres polluants, c’est moins de pollution.

 

Forcer l’industrie à changer

L’industrie du tabac est une industrie qui se décharge de ses responsabilités, tant que ça rapporte du fric.

Après tout, ils vendent des produits qui tuent leurs clients, et les personnes autour, à petit feu… pourquoi se faire chier avec l’environnement ?
La solution ne viendra pas d’eux.

Pourquoi alors ne pas légiférer ?
Dans un pays si prompt à pondre des lois pour tout et n’importe quoi, y compris pour rééditer 10 fois ce qui existe déjà, pourquoi ne pas obliger les industriels à s’engager sur l’environnement ?

On pourrait imaginer plusieurs solutions (à combiner ?) :

Taxe type éco-contribution, vu les frais colossaux que représentent le ramassage des mégots de cigarette et leur traitement.
Interdiction de vendre des cigarettes qui contiennent des produits hautement nocifs et toxiques (pourquoi diable trouve-t-on de l’arsenic, du méthanol ou de l’ammoniac dans une putain de cigarette ?!).
Interdiction de vendre des cigarettes dont le filtre n’est pas recyclable.

Après si des personnes aiment fumer et veulent continuer à profiter de leur clope, aucun souci, chacun est libre.
Tant que cela n’entraine pas une pollution monstrueuse pour le reste de la planète.

Le recyclage des mégots de cigarette devrait devenir une priorité face à l’immense source de pollution et de danger qu’ils représentent, pour les Humains comme pour le reste de la faune et de la flore.

Et vous, que pensez-vous de la pollution grandissante des mégots ?
Trouvez-vous normal de les voir joncher les trottoirs, les chemins de rando, les plages… ?

 

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