Qu’est-ce qu’un slasheur ?

Devenir slasheur et donner du sens à son travail
Ça veut dire quoi devenir slasheur ? Et pourquoi tant de jeunes se détournent du schéma classique de l'emploi ?

Mot qu’on entend de plus en plus et qui fait un peu rêver… Répandu chez les jeunes en quête de sens et de liberté.
Etre nomade digital, multiplier les expériences, donner du sens à son travail : devenir slasheur !

 

Qu’est-ce qu’un slasheur ?

Le slasheur est une personne qui cumule 2 activités professionnelles voire plus.
Ces activités peuvent être complémentaires ou non, et elles peuvent mêler emploi salarié et activité non-salarié (micro-entreprise, startupeur…).

Ce nom est un terme franglais tiré du mot anglais « slash », la barre oblique de votre clavier « / ».
Le slash représente une séparation entre des termes, qu’on utilise d’ailleurs en français quand on évoque le fameux « et / ou ».

Dans un CV, une présentation professionnelle ou un profil Linkedin, les slashs permettent donc de lister des compétences ou surtout des métiers différents qu’exerce une personne.

Par exemple : Designer / Photographe / Educateur canin.

Si les deux premiers métiers peuvent sembler proches voire même complémentaires, on voit bien que le dernier n’a rien à voir.
Ce mélange des jobs est souvent le reflet de passions, certaines peut-être moins lucratives, mais qui apportent un épanouissement supplémentaire et correspondent à une quête de sens.

Car oui, ce qui va principalement donner envie de multiplier les métiers et de slasher, c’est ça : une envie, une quête de sens !

 

Tendance venue des Etats-Unis

A l’origine, ce cumule des emplois nous vient du modèle américain, et ça ne fait pas rêver du tout.

Comme le montrent les chiffres du site Census Bureau et le LEHD (Longitudinal Employer-Household dynamics), la part d’américains qui ont 2 emplois ou plus progresse depuis 20 ans.

Outre-Atlantique, pour une part importante de la population cumuler 2 jobs et plus est une nécessité vitale pour réussir à boucler les fins de mois et payer ses factures.

 

Ville de New York, le rêve américain
New York, la ville du Rêve Américain… ou pas

The American Dream (le Rêve Américain) qu’ils disent… bullshit !

Et en France, qu’est-ce que ça donne ?

 

Nombre de slasheurs en France

Certains chiffres évoquent 4 ou 5 millions de slasheurs en France, mais ils semblent plutôt difficiles à vérifier.

En 2020, l’INSEE publiait une analyse des personnes qui exercent plusieurs activités professionnelles en France (hors Mayotte).

Sur la période 2008 à 2017, voici ce que cela donne :

chiffres INSEE salariés en pluriemplois en France
Chiffres INSEE du pluriemplois en France

 

Source : INSEE

Au total en 2017, la pluriactivité concernait 2,1 millions de personnes soit 7,5% des personnes en emploi dans l’hexagone + les DOM.

 

Les indépendants

A noter qu’ici les estimations portent sur des profils restreints :

  • Salarié avec un autre emploi salarié
  • Salarié avec une activité non-salariée
  • Non-salarié avec une activité salariée

Mais il n’est pas question de données précises sur les indépendants qui peuvent exercer plusieurs métiers.
Par exemple : designer web / photographe ; ou bien coach en développement personnel / décoratrice d’intérieur.

Or, ces profils sont peut-être les véritables slasheurs auxquels beaucoup s’identifient.

 

Les femmes

Autre information intéressante à creuser : dans cette analyse 66% des pluriactifs sont des femmes.

Cela peut amener d’autres questions beaucoup plus larges pour un seul article :

  • Difficultés à poursuivre une carrière pour une femme qui veut avoir des enfants ?
  • Difficultés à progresser et atteindre des postes à responsabilité, donc recherche d’autre job ?
  • Ou peut-être aussi de meilleures capacités chez les femmes à gérer plusieurs métiers ?

 

 

Choc de générations

En tout cas, il y a ici une rupture qui se crée entre les générations.

Pendant des années, chercher un boulot voulait dire plan de carrière, évolution, stabilité et surtout, ne plus bouger du poste tant convoité.
Parfait pour les dirigeants d’entreprises qui ont besoin d’une vision et d’une planification à long terme.

Entretien d'embauche gênant
Entretien d’embauche gênant

Aujourd’hui, le slashing séduit de plus en plus essentiellement chez les jeunes : on ne reste plus au même endroit, on se voit changer de boulot voire de ville dans 6 mois si besoin.

Désillusion ? Choc de générations ?
Les raisons sont multiples et une phase de transition et d’adaptation semble nécessaire pour que salariés et employeurs parviennent à bien se comprendre.

D’ailleurs en 2019 le site de Cadremploi publiait des questions / réponses posées à des recruteurs et DRH par rapport à cette tendance, notamment des jeunes, à slasher.

Cela faisait suite à étude d’Opinion Way pour Horoquartz.

Les retours d’expérience et avis étaient mitigés :
Si le profil du slasheur peut séduire et intriguer, il fait également peur aux entreprises qui craignent de ne pouvoir retenir longtemps un tel salarié, ou ne pas réussir à bien le comprendre.

C’est vrai que changer les habitudes en matière d’emploi peut déstabiliser, surtout après des décennies d’un discours bien rodé prônant le sacro-saint CDI.

 

Le slasheur : risque ou opportunité pour l’entreprise ?

Sans surprise, les PME ou grandes entreprises qui adoptent un fonctionnement « à l’ancienne », avec une organisation stricte où tout est parfaitement maîtrisé (ou semble l’être du moins), ont du mal avec ces profils.

Le slasheur serait instable.
Il risque de s’ennuyer trop vite, de vouloir tenter d’autres expériences, de vouloir trop de liberté et ne pas être présent au moment où l’entreprise exige de faire appel à lui.
Comme il n’a pas forcément un plan de carrière tout tracé, difficile de dire s’il sera encore là dans 3 ans et si cela vaut le coup de l’embaucher.

Difficile de se projeter dans une relation sur le long terme dans ces conditions.

Cependant…
Certaines entreprises changent d’avis !

Elles reconnaissent justement dans le slasheur un profil adaptable, agile, capable de sortir des sentiers battus et de relever de nouveaux défis.

C’est majoritairement le cas avec les start-up ou les TPE, qui ont besoin de flexibilité, qui sont constamment en pleine mutation et chez qui un candidat trop rigide ne ferait pas l’affaire.

Mais les PME et grandes entreprises y viennent également, petit à petit.
Surtout que dans une période où les sociétés peinent parfois à recruter, même en proposant des CDI, elles doivent bien elles aussi évoluer avec ces changements de mentalité.

 

Une tendance uniquement chez les jeunes ?

Si la plupart des slasheurs sont effectivement issus des générations Y et Z, ne croyez pas qu’ils sont les seuls à s’y intéresser.

A quarante ou cinquante ans, on a encore pas mal d’années de travail devant soi.
Mais on a aussi pas mal de bouteille !

Père de famille se promène avec ses enfants
Prendre du temps avec ses enfants

Quelqu’un qui a été manager, cadre, directeur… qui n’a peut-être pas assez vu grandir ses enfants, ou pris du temps pour soi-même, a peut-être connu un burnout, va également se poser certaines questions existentielles.

Est-ce que ça vaut encore le coup de trimer comme ça pendant encore 20 ans de plus ?!

Un profil d’expert dans un domaine recherché, on le chouchoute.
Pourquoi ne pas être directeur / directrice marketing à temps partiel dans une PME, et aussi dans une start-up ?

La transformation digitale des entreprises et la libération de nouveaux potentiels va faire naître de nouveaux modes de travail et de vie, y compris chez celles et ceux qui ont déjà bien entamé leur parcours professionnel.

 

Mais revenons un peu à une question essentielle :
Qu’est-ce qu’il y a d’attirant avec le slashing, le multitasking ? Pourquoi vouloir cumuler plusieurs jobs ?

 

Pourquoi devenir slasheur ?

Les raisons qui poussent les personnes à se lancer dans l’aventure, cumuler les métiers et devenir slasheur ou slasheuse sont diverses, et parfois se combinent.

 

Trouver du travail

En France comme d’autres pays, le marché de l’emploi est toujours plus tendu notamment dans certaines zones.
Il y a des départements ou des villes où il est difficile de trouver un CDI à temps plein, et encore plus dans le secteur souhaité.

Pour les jeunes, à qui on exige un maximum de compétences et d’expérience, cela permet de multiplier les expériences et de s’ouvrir un maximum de portes.
Idem pour les salariés ayant passé la quarantaine, et plus encore pour les séniors.

Quand certains sites ou recruteurs fonctionnent encore comme il y a 20 ans avec un système (absurde ?) de mots-clés présents dans votre CV ou sur votre profil Linkedin, enchaîner avec un slash quelques intitulés peut être une opportunité. Ici, le candidat n’est alors pas totalement un slasheur qui exerce plusieurs métiers, mais plutôt quelqu’un prêt à exercer ces différents jobs.

Cela peut aussi passer par le cumule de deux temps partiels, ou d’un CDD à temps partiel avec une petite activité en auto-entrepreneur.

Ainsi, une raison peut donc être tout bonnement la nécessité de s’assurer d’avoir du boulot.

 

Gagner plus d’argent (ou juste assez)

Pour nombre de profils, gagner suffisamment d’argent pour boucler convenablement les fins de mois est une véritable gymnastique.

Certains ou certaines se voient donc contraints de cumuler les boulots pour garder la tête hors de l’eau.
On l’a bien vu avec cette crise du COVID : des musiciens ou chanteurs pouvaient se retrouver livreurs à vélo (Deliveroo, Uber Eats…) ; d’autres vont donner des cours ; d’autres encore vont faire des extras en restauration…
Avant cela, il y a déjà eu une crise économique en 2008 ; la difficulté toujours croissante pour réussir à se faire une place dans le monde de l’entreprise…

Avoir plusieurs emplois pour gagner plus peut être un choix tout à fait honorable et un excellent moyen de parvenir à ses fins (acheter un appartement, s’offrir de belles vacances…).

Lorsque ce cumule de métiers est davantage une nécessité financière, comme on le voit en Angleterre ou aux Etats-Unis depuis pas mal d’années, c’est beaucoup moins reluisant et une vraie question sociale et sociétale : est-ce normal de ne pas vivre convenablement de son travail ?

Le modèle américain où l’on voit des pères et mères de familles s’épuiser avec 2 ou 3 boulots pour réussir à se maintenir à flot, pendant que les dirigeants des plus grosses sociétés accumulent les milliards, ne fait pas rêver …

Alors qu’est-ce qu’on demande aux salariés aujourd’hui (jeunes, cadres, séniors…) ?
De savoir se vendre et se battre pour une place, où une fois en poste il est souvent difficile d’obtenir des formations ou des augmentations. Être corvéable. Se voir imposer ses dates de congés. Etc.

Être slasheur peut alors permettre d’avoir plusieurs sources de revenus, de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
Un employeur vous traite mal ? Vous avez le deuxième boulot comme béquille le temps de retrouver un poste, qu’il s’agisse d’un temps partiel ou d’un CDD.

 

Heureusement, tout n’est pas si sombre !
Et très souvent dans notre pays, devenir slasheur et avoir plusieurs activités professionnelles est un véritable choix, renvoie à une envie profonde de changement, de quête de sens et de bien-être.

 

Briser la routine

Métro, Boulot, Dodo.
Du lundi au vendredi.

Voir les mêmes têtes, être derrière le même bureau, à gérer les mêmes dossiers et entendre les mêmes plaintes de clients / collègues / managers.
Franchement, disons-le : à un moment, c’est chiant !

Fini le temps où le CDI dans une grosse boîte était la consécration !
Ce job que l’on trouvait et auquel on s’attachait pour les 40 prochaines années, le cul vissé à la même chaise, avec un plan de carrière déjà tout tracé en suivant les petits conseils et en s’assurant de rentrer dans les bonnes cases.

Imaginez entrer dans une boîte, et connaître grosso modo votre planning pour les 10 prochaines années… chez certaines personnes, c’est une vision d’horreur hyper angoissante !

Dans un monde hyper digitalisé, avec des jeunes toujours plus instruits (BAC +3, BAC +5 etc), où tout change très vite, où les métiers en vogue dans 5 ans n’existent tout simplement pas encore…
il est normal que de plus en plus de monde exprime ce besoin de briser la routine.

Organiser des balades à cheval
Organiser des balades à cheval

Slasher, c’est refuser de se conformer à une seule activité toute la journée, ou toute la semaine, ou toute l’année.
Il n’y a pas de règle unique dans la répartition du temps de travail.

Vous pouvez très bien décider d’être développeur web d’Octobre à Mai, puis profiter des beaux jours pour être guide touristique en haute saison !

Ou bien être une réceptionniste dans un hôtel le matin, et prof de dance ou de yoga le soir et le weekend si c’est votre passion.

Ou encore organiser des sorties équestres, être photographe de mariage et avoir un poste de contractuel à temps partiel dans la fonction territoriale.

Organisez-vous comme vous voulez en fait, tant que vous n’avez pas l’impression de tourner en rond.

 

Donner du sens à son travail

C’est très souvent une raison importante dans le choix de ce mode de vie.
On devient slasheur ou slasheuse pour donner du sens à son job.

A en croire tous les conférenciers, universitaires, analystes, DRH de grosses boîtes… tout le monde a compris depuis longtemps que les nouvelles générations (génération Y qu’on appelle les millennials, ou la génération Z) en ont plus que ras-le-bol d’avoir un job à la con.

Et pourtant… demandez autour de vous. Regardez les offres d’emploi.

Alors être slasheur ou slasheuse, c’est justement partir en quête de ce sens à donner à son travail.
Se lever le matin avec le sourire, la banane ! Savoir pourquoi on va se casser la tête ou transpirer aujourd’hui.

Ne pas avoir à se dire que « de toute façon, ça ne sert à rien / ça ne change rien ».

Votre passion ne vous permet pas vraiment d’en vivre ?
Eh bien optez pour un boulot alimentaire à 80% qui paie les factures et tout le bazar, et consacrez 20% de votre temps à ce qui vous fait vibrer.
Ainsi par répercussion, même le premier job « alimentaire » prend du sens ! Car il vous assure la possibilité de profiter à 20% de votre passion, vous ne vous êtes donc pas levé pour rien ce matin.

Photographe vidéaste
Photographe vidéaste

D’ailleurs, même sans parler de passion.
Simplement se sentir utile. Se dire en fin de journée, que vous n’avez pas simplement contribué à rapporter du pognon à un PDG qui s’en fout totalement de vous, des clients, de l’origine de ses produits, de l’environnement… tant qu’il se fait un max de fric.
Se dire que oui, vous pouvez parler avec fierté de ce que vous accomplissez.

 

Retrouver de la liberté

C’est souvent lié au critère précédent.

Pourquoi se conformer à l’éternel planning de bureau 9h – 17h, ou 8h30 – 17h, avec grosse coupure et perte de temps le midi ?
Pourquoi avoir l’impression d’implorer une faveur pour obtenir 2 semaines de congés auxquelles on a droit ?
Pourquoi devoir obligatoirement poser 2 ou 3 semaines en août, comme tout le monde, pour payer bien cher, comme tout le monde, et aller aux mêmes endroits, comme tout le monde ?

Devenir slasheur, c’est aussi partir en quête de cette liberté envolée.
Être un nomade digital, un blogueur de voyage, un indépendant qui traverse le monde et exerce son activité de n’importe où. Le nomadisme digital représente parfaitement ce besoin de liberté.

Peut-être qu’un boulot et un mode de travail peut vous convenir, à condition que ça ne dépasse pas 50% de votre temps au risque de péter un câble.
Eh bien un autre job à 50% pourrait vous procurer une plus grande liberté dans votre organisation, dans vos déplacements.

 

Travailler dans la confiance

Quel que soit le poste occupé, même avec une fonction à responsabilités ou de cadre, un aspect étonnant persiste dans de très nombreuses entreprises : le manque de confiance.

Les entreprises veulent embaucher des gens diplômés, efficaces, rigoureux, performants, qui résistent à la pression… mais beaucoup penses qu’à la première occasion ces salariés vont se la couler douce.

Pourquoi embaucher quelqu’un et lui confier des responsabilités, si c’est pour l’imaginer aussitôt en gamin immature et irresponsable ?

Un slasheur, de fait, va jongler entre ses plannings et ses responsabilités.
L’embaucher, lui confier une mission, c’est lui faire confiance et croire en sa capacité à gérer ces situations. Bref, croire qu’il ou elle est vraiment une personne responsable.

 

S’épanouir

Plus globalement, les raisons qui peuvent vous pousser à devenir slasheur sont nombreuses et diverses selon votre profil, votre tempérament.

Mais on va souvent retrouver des envies ou des besoins similaires :
curiosité ; envie d’apprendre ; besoin d’autonomie ; accomplissement ; aimer expérimenter ; refuser l’ennui et les organisations trop strictes ; la confiance…

 

Une tendance en augmentation

Quête de sens, envie de liberté, contexte sanitaire et économique, démocratisation du télétravail, transformation digitale des entreprises, digitalisation croissante et libération du potentiel : clairement la tendance au slashing est à l’augmentation.

Développeur web en télétravail
Travail à distance en développement web

Il n’est plus nécessaire d’être physiquement présent dans le même bureau que ses collègues pour effectuer ses tâches et mener à bien sa mission.

Pour séduire les potentiels plus jeunes ou tout simplement plus performants, les entreprises doivent évoluer et s’adapter à cette nouvelle tendance.

Le marché du travail va vraisemblablement connaître encore beaucoup de transformations dans les années à venir, et la capacité à passer du coq à l’âne, à gérer plusieurs jobs, deviendra peut-être une compétence indispensable pour rester dans la partie.

Et vous, avez-vous sauté le pas ?
Ou aspirez-vous à plus de liberté, à plus de sens dans votre boulot et votre vie professionnelle ?

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